18ème Festival de musique sacrée de Fès

Ré-enchanter le monde. C'est le programme de la 18e édition du Festival de Fès de musiques sacrées du monde, qui se tiendra du 8 au 16 juin 2012 dans la magnifique médina Fassienne classée au patrimoine mondial de l'UNESCO.
Ré-enchanter le monde par la poésie, la quête du beau et la spiritualité enchanteresse de la musique. Pour rendre un hommage particulier à Omar al Khayyâm, ce savant persan du XIe siècle, astronome, mathématicien, philosophe et poète, à la vie parsemée de mystères et légendes. Le Festival s'ouvrira sur une mise en scène de ses paroles par Tony Gatlif. Le réalisateur de Latcho Drom (1993) – où il racontait déjà par le chant et la musique la longue route du peuple Rom - mettra ainsi en scène un de ses rêves d'enfant : traverser l'Orient sur un tapis volant, d'Egypte jusqu'en Inde en passant par Samarcande.

Un voyage en musique qui s'annonce enchanteur, d'Archie Shepp, ensemble américain qui reviendra aux racines du blues éloignant - pour un temps - le Gospel des grandes chorales, à Mukhtiyar Ali, du Rajasthan, qui nous fera découvrir les chants mystiques et dévotionnels du grand poète Kabir. Rodolph Burger mettra en musique le Cantiques des Cantiques, en hommage à Mahmoud Darwich mais aussi à Alain Bashung qui le lui avait commandé pour son mariage, avant de mourir. Björk viendra à Fès présenter Biophilia, sa dernière création, hymne à la nature, et Joan Baez – pour une forme plus laïque de spiritualité, inscrite au cœur de la civilisation occidentale - clôturera le festival partageant, comme à chaque fois, un peu de son engagement indéfectible pour la liberté et la dignité humaine.

Un programme inter-musical mais surtout inter-religieux, rappelant que loin des théories douteuses du "choc des civilisations" - qui resurgissent régulièrement dans l'actualité - , les traditions religieuses sont enclines au dialogue, comme en témoigneront les chants judéo-arabes interprétés par Rabbi Haim Louk et l'ensemble arabo-andalou de Fès dirigé par Abderahim Souiri, les chants soufis du Sindh au Pakistan, interprétés par Sanam Marvi, ou encore l'ensemble franco-iranien Nour, rencontre entre chanteurs grégoriens et persans.

Ré-enchanter le monde, c'est aussi un projet intellectuel. Un contre pied au "désenchantement du monde" désormais bien connu dans les sciences sociales, de Max Weber, à Marcel Gauchet, qui voient nos sociétés vouées à une sécularisation inéluctable, attestant la perte du caractère structurant des différentes traditions religieuses, désormais incapables de donner un sens au monde. S'il s'agit bien de musique et de poésie, le festival en met à l'honneur une forme exigeante, spirituelle mais aussi et surtout vivante et inscrite au cœur de notre modernité.

Comme en témoigne le forum de cette année : "Une âme pour la mondialisation" qui se tiendra du 9 au 12 juin au Musée Batha et proposera de réfléchir sur la place du poète dans la Cité, l'après Printemps Arabe, ou encore la spiritualité en entreprise. Mêlant musique et débats, cette 18e édition évite l’écueil d'une "archéologie culturelle" ou d'une folklorisation et ouvre – par delà les frontières – à une po-éthique qui cherche à répondre, comme le soulignait Mohamed Kabbaj, président du festival, "à un besoin de poésie, de spiritualité pour alimenter l'âme humaine".

(lemondedesreligions.fr)

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