Exit les strass et paillettes, le cat-walk et ses superficialités, le photo-call et ses exigences, le 11-ème festival international du film de Marrakech a aussi un cô té "démocratisation" du plaisir du septième-art.
S'il est une rubrique qui fait la particularité du FIFM dans le paysage cinématographique international, c'est bien sa programmation de films en audio-description destinée à un public mal et non-voyants.
Une tâche qui n'est pas de tout repos, dans la mesure où il faut parfois rajouter des passages de l'histoire qui manquent au non-voyant, qui n'est pas en mesure de comprendre avec l'oreille. C'est le cas notamment de moments de plages musicales importantes.
Mais comme au festival de Marrakech on veut pas "faire dans la demi-mesure", les malvoyants, ces invités spéciaux venus de tout le Royaume et entièrement pris en charge, ont à leur disposition les synopsis des films audio décrits, imprimés en braille en trois langues (arabe, français et anglais) par l'organisation alaouite pour la protection des aveugles au Maroc.
Cette année, le FIFM leur propose huit films, dont un long-métrage marocain, qui n'est que le célèbre " Lalla Hobby " de Mohammed Abderrahmane Tazi. Pour ce film, paru en 1997, la Fondation a fait appel à deux animateurs marocains bien connus, Aziza Laâyouni et Mohamed Ammora, pour prêter leurs voix à la narration du film.
Les responsables ne cachent pas leur fierté. "Nous sommes le premier festival arabe et africain à avoir intégré une rubrique d'audio description ", se réjouit Nadia El Hansali, responsable des projets d'audio description et des opérations de cataracte, qui tient à souligner au passage que la fondation "est très sollicitée par des pays du monde arabe, qui veulent s'y inspirer ".
Mais ce public assez spécial qui a goûté au vrai plaisir du septième art en veut toujours plus. "Notre ambition est de pouvoir suivre des films audio décrits qui soient très récents et, pourquoi pas, des productions entièrement marocaines ", confient à la MAP quelques-uns des 120 malvoyants invités cette année par la fondation du FIFM.
Un avis que partage Rachid Sebbahi, journaliste à la radio nationale, mais aussi le responsable de communication à la rubrique audio description du festival.
" Notre souhait est de voir cette expérience durer, s'étendre sur d'autres périodes et toucher un public beaucoup plus nombreux dans d'autres régions du Royaume", souligne Sebbahi.
Pour lui, cette belle aventure ne doit pas s'arrêter uniquement au festival de Marrakech, les chaînes de télévision nationales étant appelées à accompagner le festival, en produisant des films marocains en audio description".
En dehors des salles obscures et des projections de films, la fondation du FIFM veut accompagner son projet d'audio description par un autre projet tout aussi important voire vitale. Il s'agit de s'attaquer au domaine de la chirurgie oculaire, en organisant des campagnes gratuites de chirurgie de la cataracte au profit de personnes malvoyantes.
Pas moins de 300 patients venant de toute la région de Marrakech-Tensift-Al Haouz en bénéficieront cette année, grâce à un partenariat avec la Fondation Hassan II d'ophtalmologie et le ministère de la Santé.
Mais ces opérations ne datent pas d'hier. Depuis 2009, les campagnes de chirurgie osculaire ont déjà permis à plus de 500 personnes de récupérer la vue.
Et après chaque opération, des surprises les attendaient. Des artistes nationaux et étrangers faisaient le déplacement pour venir à leur chevet. Des acteurs comme Mohammed Bastaoui, Rachid El Ouali et Hanan Fadili, mais aussi la comédienne française Hélène de Fougerolles avaient fait le geste. Rien de plus beau pour un malvoyant que de rencontrer son acteur préféré, en attendant de le voir un jour sur grand écran, mais, cette fois-ci, " avec les images ".
MAP
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